dimanche 1 juillet 2012

Cailhau : ce n'est pas une porte, c'est une arche

On parle de la porte Cailhau mais il s'agit en réalité d'un arc de triomphe, le seul de Bordeaux d'ailleurs, puisqu'il a été construit en 1495 pour célébrer la victoire de Charles VIII à la bataille de Fornoue (il s'empara de Naples). Par la suite, elle sera le passage d'entrée obligé de tous les rois de France venant à Bordeaux. Si son architecture annonce la renaissance, le système défensif témoigne bien du moyen-âge.
C'est sûrement ce qui la rend insolite et si majestueuse dans ce centre XVIIIème.
On ne dirait pas mais on est situé ici à égale distance de la place de Bourse et de la porte de Bourgogne. 
On parle aussi de la "porte du palais" car elle se trouvait à directe proximité le palais de l'Ombrière, résidence des ducs de Guyenne dès le Xème siècle. Mais plus de palais aujourd'hui car il a été détruit au XVIIIème et remplacé par... la rue de l'Ombrière. Dommage.

dimanche 24 juin 2012

L'hôtel de Laubardemont. Sur les pas de Henri IV

Pour un observateur attentif, il est possible de remarquer que le bâtiment situé au 40 cours du Chapeau rouge dénote par rapport à ses voisins. Une couleur jaune, des visages de pierres inhabituels. Normal, c'est le seul bâtiment à avoir échappé à la vague de transformation du XVIIIème. Construit en 1608, et destiné aux fermiers généraux du roi, personne n'a osé y toucher.
Ici la pierre n'est utilisée qu'autour des ouvertures. Et on remarque qu'une des têtes représentée en façade ressemble furieusement à celle d'Henri IV. S'il est peu probable qu'il s'agisse véritablement de son portrait, cela confirme l'époque du bâtiment ; le sculpteur a repris les codes vestimentaires de son temps.
L'hôtel a accueilli des hôtes de prestige puisque Marie de Médicis a observé depuis ces fenêtres le cortège de mariage de son fils Louis XIII avec Anne d'Autriche (et oui, ils sont se mariés à Bordeaux à la cathédrale St André).
En tout cas, voilà une respiration intéressante qui certes, rompt avec l'élégance XVIIIème mais offre une variation dans une ville qui parfois, semble engluée dans son siècle d'or. A tort, on pense souvent que Bordeaux n'a pas d'architecture du moyen-âge ou renaissance. Il en reste bien encore quelques témoignages. 



dimanche 6 mai 2012

La place Raymond Colom


Tout comme pour la maison de Jeanne Lartigue, on découvre souvent par hasard et avec surprise la place Raymond Colom dominée par cette belle maison renaissance. Il s’agit là aussi d’un petit espace paisible chargé d’histoire, un petit écrin de verdure et de silence.
Le nom de la place fait référence à la famille des Colom, grande famille de négoce très puissante aux 13 et 14 ème siècles et qui donna onze maires à Bordeaux. Les  Colom étaient les farouches ennemis des Soler. Une vraie saga bordelaise à la Capulet et Montégu.
Le trompe l’œil et le cadran solaire modernes dessinés sur la façade dans les années 1990 ne s’imposaient pas mais ils s’insèrent bien dans l’harmonie des couleurs et savent se faire oublier. Ils renforcent le côté « décor de cinéma » des lieux. 





 

samedi 5 mai 2012

Impasse de la rue Neuve : de l’époque médiévale à la renaissance en deux enjambées


Une venelle étroite, sombre, humide. Il faut être un peu aventureux et très curieux pour s’engager dans l’impasse de la rue Neuve. Mais les téméraires verront leurs efforts récompensés.


Le long de l’impasse, sur la gauche, on trouve le dernier témoignage de l’architecture civile gothique à Bordeaux (XIIIème) : deux magnifiques fenêtres perçant la façade d’une maison qui serait la plus ancienne de Bordeaux. Elle aurait appartenu à la puissante famille des Soler.
Faites deux pas en avant jusqu’au fond de l’impasse, et apparait alors sur la maison de Jeanne Lartigue, épouse de Montesquieu. Avec ses arcades, elle est typique des demeures renaissances du 16ème . Son architecture est toute en sobriété et en élégance.
Au fond cette impasse, avec cette cour silencieuse nichée en cœur de la ville ancienne, c’est bien un voyage dans le temps qui est offert au promeneur. La beauté de la pierre bordelaise y est sublimée dans une atmosphère paisible propice à la rêverie. 






vendredi 4 mai 2012

La rue de la tour du pin


A cet emplacement, se trouvait au Moyen âge une des portes du rempart datant de 1200 : la « Pey Miqueu ». Au XVème siècle, la tour a pris le nom d'un Bourgeois bordelais, Bertrand du Pin. La rue de « la Tour du Pin » est apparue avec les travaux de Tourny lors de l’édification de la nouvelle ligne de construction face à la Garonne, devant l'ancien rempart.
C’est ce qui explique l’étroitesse et la configuration étonnante de cette rue qui longe les quais et donne sur le côté de la porte de Bourgogne. Ce débouché surprend d’ailleurs un peu quand on ne connait pas l’histoire du tracé des quais.
Cette rue nous plonge dans une ambiance moyenâgeuse empreinte de mystère. Ambiance quelque peu cassée, il faut bien l'avouer, par l’usage actuel de la rue, annexe des bars tout proches pour clients à la vessie bien remplie.



samedi 28 avril 2012

34 rue de la Fusterie : ça tient tout seul !

On trouve au 34 rue de la Fusterie un bel exemple de stéréotomie (ça en jette de caser ce mot dans la conversation!) : les pierres de ce balcon sont si bien taillées qu'il n'y a pas besoin de mortier pour les assembler et les faire tenir ensemble .
Au delà de cette prouesse, l'immeuble, récemment rénové, est un bel exemple des constructions en pierre qui donnent Bordeaux sa si belle couleur. Les ferronneries sont également très élégantes.
La rue de la Fusterie était la rue des tonneliers et des charpentiers.


 


L'hôtel de la perle (suite)

Côté 48 rue St François, on découvre une façade d'un genre tout autre. Figé dans la pierre, un ouvrier soutient l'un des balcons : la légende dit qu'il y aurait été scellé alors qu'il soutenait une pierre pour permettre sa construction.
Le contraste entre une façade d'inspiration classique d'un côté, et de l'autre cette façade qui nous plonge dans le quotidien du XIXème siècle, est surprenant et insolite. Cet immeuble est d'autant plus remarquable qu'il fait contraste avec le Bordeaux XVIIIème présent tout autour. Il est là, comme un accident de l'histoire, imposant et exprimant toujours sa modernité, au delà de ses façades noires et dégradées actuelles.
En 1885, l'hôtel St François est à la pointe du progrès : eau à tous les étages, café-hôtel-restaurant en pied d'immeuble, appartements lumineux au-dessus, toit-terrasse, sonnerie électrique, éclairage au gaz, liaison phonique avec le concierge… Sans oublier les rails de chemin de fer qui ont été utilisés comme poutres de soutainement. 

Haut de 5 étages, il comporte 16 travées et 70 fenêtres.
Espérons que le temps n'ait pas raison de ce symbole d'innovation technique.